r une froide matinee de decembre, un jeune homme dont le vetement etait de tres mince apparence, se promenait devant la porte d'une maison situee rue des Grands-Augustins, a Paris.Quand il parvint en haut de la vis, il demeura pendant un moment sur le palier, incertain s'il prendrait le heurtoir qui ornait la porte de l'atelier ou travaillait sans doute le peintre de Henri IV delaisse pour Rubens par Marie de Medicis .Accable de misere et surpris en ce moment de son outrecuidance , le pauvre neophyte ne serait pas entre chez le peintre auquel nous devons l'admirable portrait de Henri IV, sans un secours extraordinaire que lui envoya le hasard.Apres avoir assez longtemps marche dans cette rue avec l'irresolution d'un amant qui n'ose se presenter chez sa premiere maitresse, quelque facile qu'elle soit, il finit par franchir le seuil de cette porte, et demanda si maitre Francois PORBUS etait en son logis.A ce compte, le jeune inconnu paraissait avoir un vrai merite, si le talent doit se mesurer sur cette timidite premiere, sur cette pudeur indefinissable que les gens promis a la gloire savent perdre dans l'exercice de leur art, comme les jolies femmes perdent la leur dans le manege de la coquetterie.Il existe dans tous les sentiments humains une fleur primitive, engendree par un noble enthousiasme qui va toujours faiblissant jusqu'a ce que le bonheur ne soit plus qu'un souvenir et la gloire un mensonge.