Alors que  la  conquête  de  la Syrie  n’était pas achevée, des troupes arabes traversaient l’isthme  de  Suez  et envahissaient  l’Égypte  pour mettre  la  main  sur le  « grenier  du  monde » que  constituait le  delta  du  Nil. Leur  chef du  nom de  ‘Amr prit sans difficulté Péluse puis marcha en direction de Babylone et se heurta, à  Héliopolis, à  une  armée  byzantine,  mal préparée, qui fut  rapidement dispersée (juillet 640). Peu  après, la  forteresse  de  Babylone, à  l’emplacement du  Caire  actuel, capitula, de  même  qu’Alexandrie,  si bien qu’à  la  fin  de  642  la  Basse­Égypte  tout  entière appartenait aux conquérants dont le chef s’installa en amont  du delta du fleuve et près de l’ancienne forteresse byzantine, dans une  ville­camp, qui reçut le  nom d’Al­Fustat (du  grec fossaton, camp). Très rapidement les troupes arabes voulurent exploiter leur  victoire en continuant leur marche vers l’ouest. ‘Amr s’emparait de  Barka, en  Tripolitaine,  quand il fut rappelé  et révoqué. Il fut  remplacé par son neveu ‘Okba qui, dès 647, pénétra en Afrique du  Nord  où  la  domination byzantine  était chancelante  et vainquit, à  Seffitula ou Sbeitla,  l’armée du  patrice Grégoire qui venait de se  faire proclamer  empereur  et qui fut tué lors de l’engagement. Les opérations, qui furent arrêtées lors des troubles qui suivirent  l’assassinat du calife ‘Othman, reprirent vers 665. Ce fut alors que  ‘Okba  fonda  en Afrique  une  ville­camp  qui prit le  nom d’El­ Kayrawan (Kairouan) et qui allait servir de point de départ pour les expéditions postérieures. De  là,  ‘Okba  put lancer  des raids qui  atteignirent la  côte  atlantique ; ce fut la  fameuse  « course  à  l’océan », dont le résultat fut de déclencher une révolte parmi populations berbères du Maghreb. Le gouvernement central n’ayant  pas à ce moment les moyens de réagir, l’Afrique du Nord dut être  pratiquement évacuée. Mais dès 688, le  nouveau calife ‘Abd  Al­ Malik  organisait des expéditions qui permirent de  réoccuper  progressivement, puis de pacifier le Maghreb. Les derniers noyaux  de résistance byzantine furent éliminés et, malgré la révolte menée  par  une femme appelée  Al­Kâhina, « la  devineresse », dans les montagnes de l’Aurès, l’intérieur du pays fut définitivement soumis à la domination arabe vers 709. À cette  date,  les Berbères avaient cessé  de s’opposer  aux  concurrents et avaient même  commencé à  participer  avec eux à  l’administration de la nouvelle province musulmane d’Afrique. Le  gouverneur  arabe  Mûsa  Ibn Nusayr avait ainsi pris comme  lieutenant un chef berbère  du  nom de  Târik Ibn Ziyâd. Ce  personnage, dès 711, entreprit d’envahir, à la tête d’une troupe de  Berbères islamisés, le territoire espagnol où le régime wisigothique  était chancelant. Ayant abordé  dans la  baie d’Algesiras, près du  promontoire rocheux qui allait prendre son nom, Djabal Tarik (ou  Gibraltar), il vainquit le roi Rodrigue  qui venait de monter sur le  trône, puis occupa successivement Séville, Cordoue et Tolède avant  de  continuer  vers le nord. Mûsa,  ayant appris ces victoires fulgurantes, se hâta,  en juin  712, de  rejoindre  Târik  avec  un  contingent plus important, composé  à  la  fois d’Arabes et de  Berbères. Se rendant maître du plateau d’Estremadure où certaines villes avaient tenté  de  résister, il écrasa le  reste  de  l’armée  wisigothique en 713 à Salamanque et s’installa à Tolède où il battit  monnaie, consacrant l’annexion de l’Espagne à l’Empire islamique. Il s’élança à  son tour vers le  nord, à  la  poursuite  des anciens partisans du roi Rodrigue,  mais il fut rappelé  par le  calife  qui lui  demandait de rendre des comptes sur sa gestion. Ce fut son fils et  successeur  qui acheva  l’occupation de  l’Espagne en établissant la  domination musulmane  sur l’actuel Portugal  ainsi que  sur l’Andalousie orientale.  Délaissant la région des Asturies où s’étaient retranchés les derniers Wisigoths, les conquérants traversèrent bientôt les Pyrénées et dès 714 lancèrent des incursions dans le Languedoc le Roussillon. Après s’être emparés de Carcassonne et de Nîmes, ils remontèrent la vallée du Rhône et atteignirent Lyon, puis Autun en  725. Une autre  colonne s’élança en Gascogne,  commandée par  l’émir ‘Abd Ar­Rahman qui s’empara de Bordeaux, mais se heurta  en  732, au  nord  de  Poitiers, à  l’armée de  Charles Martel qui  l’obligea à battre en retraite.