Harpagon chasse la fleche Harpagon ,riche bourgeois de Paris, est un fieffe grigou qui rend la vie amere a ses deux grands enfants , Cleante et Elise, les prive de tout et pretend meme disposer de leur avenir en les mariant contre leur gre.Je ne veux point avoir sans cesse devant moi un espion de mes affaires, un traitre, dont les yeux maudits assiegent toutes mes actions, devorent ce que je possede, et furetent (3) de tous cotes pour voir s'il n'y a rien a voler.HARPAGON (Il tate le bas de ses chausses)- Ces grands hauts-de-chausses (9) sont propres a devenir les receleurs (10) des choses qu'on derobe ; et je voudrais qu'on en eut fait pendre quelqu'un.HARPAGON- Va- t'en l'attendre dans la rue, et ne sois point dans ma maison plante tout droit comme un piquet, a observer ce qui se passe, et faire ton profit de tout.(Haut) Je demande si malicieusement tu n'irais point faire courir le bruit que j'en ai. LA FLECHE- He !que nous importe que vous en ayez, ou que vous n'en ayez pas, si c'est pour nous la meme chose ?LA FLECHE (a part)- Je n'ai jamais rien vu de si mechant que ce maudit vieillard ; et je pense, sauf correction, qu'il a le diable au corps.HARPAGON- C'est bien a toi, pendard, a me demander des raisons : sors vite, que je ne t'assomme.(Haut) Ne serais-tu point homme a aller faire courir le bruit que j'ai chez moi de l'argent cache ?HARPAGON- Je veux renfermer ce que bon me semble, et faire sentinelle comme il me plait.HARPAGON- Tu fais le raisonneur ; je te baillerai (6) de ce raisonnement-ci par les oreilles.Etes-vous un homme volable, quand vous renfermez toutes choses, et faites sentinelle jour et nuit ?Le voici qui, apres une courte absence, rentre chez lui ou il apercoit le valet La Fleche.(Il fouille dans les poches de la Fleche.) LA FLECHE ( a part )- La peste soit de l'avarice, et des avaricieux.Ne voila pas de mes mouchards (5), qui prennent garde a ce qu'on fait ?HARPAGON- Hors d'ici tout a l'heure (1), et qu'on ne replique pas.(Il leve la main pour lui donner un soufflet (7)) Sors d'ici encore une fois.LA FLECHE- Je dis que vous fouilliez bien partout, pour voir si je vous ai vole.Allons, que l'on detale de chez moi, maitre jure filou ; vrai gibier de potence (2).LA FLECHE- Qu'est-ce que je vous ai fait ?(Bas, A part) Je tremble qu'il n'ait soupconne quelque chose de mon argent.HARPAGON (designant les chausses (8) de la Fleche)- N'as-tu rien mis ici dedans ?LA FLECHE (a part)- Ah !qu'un homme comme cela, meriterait bien ce qu'il craint !HARPAGON- Qu'est-ce que tu parles de voler ?HARPAGON- Tu m'as fait, que je veux que tu sortes.HARPAGON- Non, coquin, je ne dis pas cela.HARPAGON- C'est ce que je veux faire.HARPAGON- tu murmures entre tes dents.LA FLECHE - Comment diantre (4) voulez-vous qu'on fasse pour vous voler ?HARPAGON- Viens ca, que je voie.et que j'aurais de joie a le voler !LA FLECHE- Mon maitre, votre fils, m'a donne ordre de l'attendre.Ne m'emportes-tu rien ?LA FLECHE- Que vous emporterais-je ?Montre-moi tes mains.LA FLECHE- Pourquoi me chassez-vous ?LA FLECHE- Vous avez de l'argent cache ?HARPAGON- Les autres.Je sors.HARPAGON- Attends.LA FLECHE- Les autres ?HARPAGON- Oui.LA FLECHE- Voyez vous-meme.HARPAGON- Euh !Moliere