لخّصلي

Introduction :
Face à la propagation de Covid-19 et par mesure de prévention, le gouvernement algérien, à l’instar des pays touchés par cette pandémie, a décidé la fermeture totale des établissements scolaires et universitaires. De ce fait, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique a été obligé de recourir aux TICE en proposant l’enseignement en distanciel comme alternative à celui en présentiel pour assurer la continuité des activités pédagogiques :« La crise sanitaire liée au COVID 19 puis le déconfinement progressif ont imposé des modes d’enseignement qui interrogent les rythmes, les lieux, réels ou virtuels, et les temps d’apprentissage » Ministère de l’Éducation nationale (2020).
Notre étude traite l’expérience de l’enseignement du FLE à distance assuré par les enseignants du département de français à l’ENS de Ouargla durant le confinement, ainsi que les contraintes rencontrées par les enseignants lors de cette opération. Elle s’articule autour de la question suivante : À quel point, l’enseignement à distance a été pratiqué par les enseignants du département de français à l’ENS de Ouargla ?
Ce travail de recherche a pour ambition principale de dresser un premier bilan et diagnostiquer l’expérience de l’enseignement à distance assuré par les enseignants du FLE à l’ENS de Ouargla à l’ère du confinement lié à la pandémie Covid-19. Afin de pouvoir mener à bien notre recherche et apporter des réponses, nous avons émis l’hypothèse suivante: Les enseignants du département de français à l’ENS de Ouargla se sont contentés de la mise en ligne des documents PDF sur la plate-forme Moodle.
Pour mener à bien notre étude et vérifier notre hypothèse, nous avons effectué une enquête qui vise comme échantillon les enseignants du département de français à l’ENS de Ouargla, et pour ce faire, nous nous sommes servies d’un questionnaire du type auto administré à ces enseignants via Google Formes. Ainsi, notre corpus d’étude est constitué de l’ensemble des réponses recueillies de notre public visé. Nous adoptons, alors, pour l’analyse des données recueillies une méthode quantitative descriptive pour les questions fermées et une méthode qualitative analytique pour les questions ouvertes.

II. L’enseignement à distance : quelques définitions
….Chaque apprenant est unique. Il ne saurait y avoir un programme standard capable de satisfaire tout le monde. La progression de l'enseignement ne saurait impliquer une progression identique de l'apprentissage pour tous les apprenants d'un même groupe. […] cela signifie que la planification, c'est-à-dire le choix des objectifs, des activités pédagogiques, des méthodes, doit aussi concerner l'apprenant. Son implantation dans la gestion de son apprentissage doit être recherchée.
Ainsi, la nécessité de faire appel à l’enseignement à distance est née. Ce dernier nous fait comprendre qu’il s’agit de la distribution de cours en ligne, loin de la salle de classe. C’est dans le même sens que l’UNESCO (2003) définit ce type d’enseignement comme : « Un processus interactif dans lequel l’enseignement dans sa totalité ou pour l’essentiel est assuré par une personne éloignée de l’apprenant dans l’espace et/ou le temps, de sorte que la communication, dans sa totalité ou pour l’essentiel, entre les enseignants et les apprenants, se fait par un moyen artificiel, soit électronique, soit imprimé. Par définition dans l’éducation à distance, les moyens de communication nouveaux ouprincipaux s’appuient sur les technologies ».
Ce type d’enseignement s’inscrit dans la séparation de l’enseignant et du corps de l’apprenant, ce qui signifie nécessairement la séparation des règles des trois unités de la tragédie classique, comme le dira Blandin (2003) : L’unité du temps, l’unité du lieu, et l’unité d’action. C’est cette séparation qui fait la différence fondamentale entre l’enseignement à distance et l’enseignement traditionnel.
Voici quelques définitions en rapport avec l’enseignement à distance :

       1. E-learning

« E-Learning » peut être défini selon plusieurs aspects ; soit « l'aspect technologique » ou « l'aspect pédagogique » alors que d'autres suggèrent « une synthèse ». A ce propos, NAGY souligne que : le « e-Learning se réfère à l'apprentissage qui est renforcé par la communication électronique ou en ligne en utilisant les dernières technologies de l'information et de la communication ». (2007)
Contrairement aux nouvelles technologies qui ont rendu l'enseignement-apprentissage différents, en offrant des outils permettant de fixer le style et le rythme qui convient avec chaque apprenant en lui donnant plus d'autonomie, le e-Learning représente donc une alternative sérieuse au cours classique en présentiel. Selon P. BLANCIER et al. (2009 :11) « Dans les années 2000, beaucoup étaient persuadés que l'e-Learning allait révolutionner les méthodes d'apprentissage ».
2. L’acronyme TIC
Renvoie aux « technologies de l’information et de la communication ». Selon Yves Bertrand (1990), les TIC désignent : « l’ensemble des supports à l’action, qu’il s’agisse de supports, d’outils, d’instruments, d’appareils, de machines, de procédés, de méthodes, de routines ou de programmes, résultent de l’application systématique de connaissances scientifiques dans le but de résoudre des problèmes pratiques ».
3. La plateforme « Moodle »
Moodle est l’acronyme de « Modular Object-Oriented Dynamic Learning Environment » : « Environnement orienté objet d'apprentissage dynamique modulaire ». Il s'agit d'une plateforme d'apprentissage en ligne open source (gratuite), créée par Martin Dougiamas l’administrateur de la plate-forme WEBCT à l’université Curtin en Australie. Elle permet aux enseignants de créer leurs propres sites web intégrant des cours et des contenus pédagogiques dynamiques et accessibles aux apprenants n’importe où et n’importe quand.
4. Le modèle SAMR
Le modèle SAMR, développé en 2010 par le Dr. Ruben R. Puentedura, chercheur américain, enseignant à Harvard et expert des questions relatives à l’éducation et aux transformations induites par les technologies de l’information, est un dispositif théorique puissant qui présente quatre niveaux d’intégration du numérique dans les pratiques éducatives pour exposer l’impact de la technologie sur l’enseignement et l’apprentissage. L’acronyme « SAMR » fait référence aux quatre phases d’intégration technologique fournies dans le modèle : Substitution, Augmentation, Modification et Redéfinition. Ce modèle vise à engager l’apprenant au centre de son apprentissage en utilisant les outils technologiques.

III. Méthode et outils :
Pour concrétiser notre recherche, nous avons eu recours à une investigation scientifique par un questionnaire du type auto-administré qui nous a paru primordial. Le questionnaire est considéré comme « une technique directe visant à questionner un grand nombre d’individus, habituellement de façon directive, pour faire un prélèvement quantitatif » (Maurice Angers, 2015). Donc, il s’agit d’un outil d’investigation qui interroge les informateurs d’une manière directe un à un et en peu de temps. Ce questionnaire a été adressé aux enseignants du département de français à l’ENS de Ouargla pendant la dernière quinzaine du mois d’avril 2021.
Quant à l’étape de la collecte des données, et en fonction d’évaluer les objectifs et les hypothèses supposés au départ, nous adopterons une méthode quantitative descriptive pour les questions fermées et une méthode qualitative analytique pour les questions ouvertes. Le choix de ces méthodes se justifie par le fait d’établir des comparaisons et un décodage de la langue chiffrée du questionnaire.
2.1. La genèse du questionnaire
Afin de vérifier l’hypothèse émise au début de ce mémoire, à savoir : si les enseignants du département de français à l’ENS de Ouargla se sont contentés de la mise en ligne des documents PDF sur la plate-forme Moodle. Nous avons élaboré ce questionnaire via Google Forms dont l'objectif est de dresser un premier bilan et diagnostiquer l’expérience de l’enseignement à distance assuré par les enseignants du FLE à l’ENS de Ouargla à l’ère du confinement lié à la pandémie Covid-19.
Ce questionnaire se subdivise en quatre parties, rédigées d’une manière progressive avec une cohérence contextuelle où chaque partie marque une alternation de formulation des questions : des questions ouvertes où les enseignants ont le choix de répondre librement et d’autres fermées avec des réponses multiples où l'interrogé peut choisir une ou plusieurs réponses parmi les propositions (QCM), et d’autres avec des réponses de type binaire "Oui" ou "Non". Signalant que nous avons ajouté l’option de la réponse "autres" pour permettre aux interrogés de donner des observations supplémentaires.
En concevant notre questionnaire, nous nous sommes fixées les objectifs à atteindre résumés dans le tableau ci-dessous :

Tableau: Les objectifs de questionnaire
2.2. L’univers de l’enquête : Echantillon et corpus
Notre échantillon cible les enseignants du département de français à l’ENS de Ouargla, diplômés de différentes institutions universitaires algériennes avec des expériences professionnelles variées, de différents âges et des deux sexes. Nous avons sélectionné ces enseignants comme public pour notre recherche parce qu’ils ont participé à l’enseignement à distance pendant le confinement lié à la Covid-19. Donc, notre corpus d’étude sera constitué de l’ensemble des réponses recueillies de la part des enseignants en question. Notre formulaire a été envoyé via Google Forms aux enseignants questionnés pendant la deuxième quinzaine du mois d’avril 2021 via leurs courriers électroniques personnels. Nous tenons à préciser que la remise du questionnaire n’a pas été une tâche facile. Il est à signaler que sur les 15 formulaires que nous avons réussi à envoyer, nous avons reçu 10 réponses. Les cinq enseignants ont justifié la non réponse au questionnaire par la simple raison qu’« ils ne vérifient pas leurs emails »

La quasi-totalité des enseignants enquêtés sont du sexe masculin, il est présent avec 70 %, suivi d’une légère présence féminine de 30 %.

Du point de vue de l’âge, les enseignants enquêtés vont de 32 jusqu’à 65 ans, il s’agit d’un public majoritairement âgé ce qui constituera surement une différence considérable de profil de ces derniers et influence automatiquement l’expérience de l’enseignement à distance. La différence générationnelle peut impliquer des visions, des idées et des méthodes variées concernant l’enseignement en général et l’enseignement à distance en particulier .

Nous remarquons que la moitié des enseignants ont le grade de maitre-assistant A. De plus, certains d’entre eux exercent des activités administratives, cela donne une fiabilité à leurs réponses.
Conclusion :
Au terme de notre recherche, nous nous sommes arrivée à conclure que notre hypothèse qui stipule que les enseignants du département de français à l’ENS de Ouargla se sont contentés de la mise en ligne des documents PDF sur la plate-forme Moodle est à confirmer. À reconnaitre que l’Algérie n’a pas été préparé à affronter ce genre d’expériences bien que beaucoup d’efforts ont été déployés et plusieurs initiatives ont été prises afin de surmonter ces circonstances pandémiques.
Les obstacles déterminés comme entrave au succès de l’enseignement supérieur à distance pendant la période du confinement se résument ainsi :
• L’analphabétisation en termes de formations des concernés (enseignants) en matière de la manipulation de la technologie au service de l’enseignementapprentissage ;
• la qualité et la couverture assez faible de l’Internet des différentes zones et régions du pays, tout particulièrement les zones rurales et du sud du pays et le problème des coupures constantes ;
• le manque des équipements technologiques.
Pour contrecarrer ces obstacles, nous proposons les recommandations suivantes en vue d’en saisir des opportunités :
✓ Garantir un débit de connexion suffisant et stable en négociant des conventions avec les opérateurs de télécommunication ;
✓ doter les établissements du supérieur suffisamment en équipements et moyens technologiques (des salles de visioconférences, une connexion permanente, des clubs informatiques, etc.) ;
✓ investir dans des formations pour l’ensemble des acteurs pédagogiques : des formations pour les étudiants, des formations pour les enseignants qui ne sont pas formés auparavant, des formations continues et complémentaires au profit du corps enseignant ayant suivi des formations aux TICE et des formations pour le personnel technique pour qu’ils soient capables d’exploiter correctement l’outil technologique ;
✓ élaborer des guides de formation pédagogique aux TICE pour l’enseignant ;
✓ suivre et contrôler le travail des enseignants ; imposer aux enseignants de fournir des comptes-rendus détaillés sur leurs activités pédagogiques virtuelles.
À travers ce bilan, nous pouvons dire qu’il nous faut des moyens, du temps et des formations pour réussir ce projet. Aussi, il est à admettre qu’il est urgent de repenser sérieusement l’enseignement à distance en Algérie, revoir le tout, ne pas mettre le nouveau dans des anciens moules et s’éloigner des pratiques traditionnelles.
Effectivement, cette éprouvante crise est une opportunité à ne pas rater pour déclencher de nouveaux horizons pour l'enseignement supérieur algérien, ce qui constitue un réel défi et un véritable compromis pour l’avenir. À cet égard, le confinement a mis en question la relation des enseignants avec les TICE, leurs capacités, leurs compétences et leurs volontés d’accepter le changement et d’apprendre à enseigner à distance. Dans ce contexte, l’enseignant est obligé à remettre sans cesse en cause ses connaissances et à développer des compétences particulières assez élevées dans un ou plusieurs domaines de connaissances (Gherbi, 2005). Donc, c’est à eux d’accepter le changement par conviction personnelle.
Au bout du compte, le sujet mérite d’être encore exploré avec de nouvelles perspectives de recherche, parmi lesquelles nous suggérons :
• Comment l’enseignement à distance peut-il développer la créativité chez les apprenants à condition d’une bonne prise en charge et une formation continue pour les deux protagonistes (apprenants /enseignants) ?
• L’enseignement supérieur de FLE peut-il aboutir à innover une nouvelle didactique des TICE « e-didactique » ?